La littérature des « intrangers » - une littérature « de l’exil », « sur l’exil » « en exil » ?

Abstract: The exile, whether it is lived or simply imagined, real or symbolic, inside or outside, forced or (supposedly) voluntary, seem to be a topic without age. In Francophone literatures, it has constantly represented a topic of predilection, being however treated differently according to the generations of the writers. Those which lived it in an effective way speak about the rupture, loss, wandering, suffering caused by the abandonment of the land, language, origins, to write becoming in their case the only means able to cure, heal and exorcise the spleen. But what about the “intrangers” ‒ writers of the second generation ‒ which have not been forced to leave a country, to leave behind them a “matrie”, without having the possibility of turning the head with the risk to see themselves transforming into salt statue? Foreigners here and there, in the society and in their family, in the country of birth and that of the origins, would they been also “exilics”? Is the literature of the exile only the creation of the writers having really known the exile or could it include authors writing on the exile as heirs or products of this one? Of three descriptions ‒ literature “of the exile”, “on the exile”, “in exile” ‒, which does correspond best to North African immigrant literature? Our article will answer at these questions by pressing us on the novels Nuit d’encre pour Farah of Malika Madi and Beur' S story of Ferrudja Kessas.

Keywords: exile, North African immigration literature, identity, feminine writing, suffering.

Résumé: L’exil, qu’il soit vécu ou simplement imaginé, réel ou symbolique, intérieur ou extérieur, forcé ou (soi- disant) volontaire, semble être un thème sans âge. Dans les littératures francophones, il a représenté constamment un thème de prédilection, étant pourtant traité différemment selon les générations des écrivains. Ceux qui l’ont vécu d’une manière effective parlent de la rupture, de la perte, de l’errance, de la souffrance causée par l’abandon de la terre, de la langue, des origines, écrire devenant dans leur cas le seul moyen capable de guérir, soigner et exorciser le mal de vivre. Mais qu’en est-il des auteurs « intrangers » ‒ écrivains de la deuxième génération ‒ qui n’ont pas été obligés de quitter un pays, de laisser derrière eux une « matrie », sans avoir la possibilité de tourner la tête au risque de se voir transformer en statue de sel ? Étrangers ici et là, au sein de la société et au sein de leur famille, dans le pays de naissance et dans celui des origines, seraient-ils eux aussi des êtres « exiliques » ? La littérature de l’exil est-elle uniquement la création des écrivains ayant réellement connu l’exil ou pourrait-elle englober des auteurs écrivant sur l’exil en tant qu’héritiers ou des produits de celui-ci ? Des trois descriptions ‒ littérature « de l’exil », « sur l’exil », « en exil » ‒, laquelle correspond le mieux à la littérature issue de l’immigration maghrébine ? Dans notre étude, nous allons répondre à ces questions en nous appuyant sur les romans Nuit d’encre pour Farah de Malika Madi et Beur’s story de Ferrudja Kessas.

Mots-clés: exil, littérature issue de l’immigration maghrébine, identité, écriture féminine, souffrance.

Sectiune
Langue et littérature françaises
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