La dialectique de la mémoire et de l’oubli dans Vendredi ou les limbes du Pacifique. La clé du bonheur selon Michel Tournier

Abstract(The dialectic of memory and oblivion in Friday or the Other Island. The key to happiness according to Michel Tournier) A whole tradition of thought has endorsed a true cult of memory as an essential faculty of the mind, as well as the conception of a destructive and dangerous, therefore essentially negative oblivion, which would only be the absence or the loss of memory. Contrary to this tradition, several philosophical and anthropological approaches to oblivion have multiplied the arguments in favor of a necessary and beneficial forgetfulness, understood as a liberating and creative power, as a component and the very strength of memory. This article aims to reread the tournierian philosophical novel Friday or The Other Island in the perspective of the relationship between memory, oblivion, time and person, of the ambivalence and the duality of memory and oblivion and their joint contribution to the apprehension of the world and to the construction of the self. The dialectic of memory and oblivion, underlying Robinson’s initiatory adventure and his quest for superhumanity, leads to a wisdom of the moment that transcends it and consists in dominating time by breaking all solidarity with it.

Keywords: oblivion, concrete memory, childhood memory, time, moment.

Résumé : Toute une tradition de pensée a entériné un véritable culte de la mémoire comme faculté essentielle de l’esprit, et la conception d’un oubli destructif et dangereux, donc essentiellement négatif, qui ne serait que l’absence ou la perte de celle-ci. À l’encontre de cette tradition, plusieurs approches philosophiques et anthropologiques de l’oubli ont multiplié les arguments en la faveur d’un oubli nécessaire et bénéfique, entendu comme un pouvoir libérateur et créateur, comme une composante et la force même de la mémoire. Le présent article se propose de relire le roman tournierien Vendredi ou les limbes du Pacifique, roman philosophique qui donne beaucoup à penser, dans la perspective de la relation entre mémoire, oubli, temps et personne, de l’ambivalence et de la dualitude de la mémoire et de l’oubli et de leur contribution conjointe à l’appréhension du monde et à la construction de soi. La dialectique de la mémoire et de l’oubli sous-tendant l’aventure initiatique de Robinson et sa quête d’une surhumanité, débouche sur une sagesse de l’instant qui la dépasse et qui consiste à dominer le temps en rompant avec lui toute solidarité. 

Mots-clés : oubli, mémoire concrète, souvenir d’enfance, temps, instant.

Sectiune
Langue et littérature françaises
Pagina
67
DOI
10.35923/QR.09.02.07