« L’artifice » comme voie d’expression du trauma autobiographique dans L’Écriture ou la vie de Jorge Semprún

Abstract: (“Artifice” as a means of expressing autobiographical trauma in Jorge Semprún’s L’Écriture ou la vie) One of the most remarkable aspects of Jorge Semprún’s oeuvre, a Spanish writer who wrote most of his work in French, is his propensity to explore various forms of “writing the self”. All his novels, to a greater or lesser extent, are rooted in his autobiographical memory. However, Semprún himself has often stressed that recourse to fiction is the only way to make this memory more comprehensible, or even to preserve it from the unspeakable. Taking as our starting point the novel L’Écriture ou la vie (the only novel in which the narrator bears the name “Jorge Semprún”), our focus will be on the traumatic memories of his internment in the Buchenwald concentration camp, particularly on those inscribed within the chapter entitled “Le kaddish”. We will examinate how Semprún treats these memories artistically, how he blends them with fictional elements, and how he reflects on language as an essential vehicle for assimilating and verbalising these traumas, while at the same time transmitting the mnemonic truth.

Keywords: Jorge Semprún, L’Écriture ou la vie, autofiction, trauma, Memory literature.

Résumé : L’un des aspects remarquables de l’écriture de Jorge Semprún, un écrivain espagnol dont la majeure partie de l’œuvre a été réalisée en français, réside dans sa propension à explorer diverses formes d’écriture de soi. Chacune de ses œuvres romanesques, dans une mesure plus ou moins prononcée, est ancrée dans sa mémoire autobiographique. Cependant, Semprún lui-même a souvent souligné que le recours à la fiction est la seule voie pour rendre cette mémoire plus compréhensible, voire pour la préserver de l’indicible. En prenant pour point de départ le roman emblématique L’Écriture ou la vie (le seul roman dans lequel le narrateur porte le nom de Jorge Semprún), notre attention se portera sur les souvenirs traumatiques de son internement dans le camp de concentration de Buchenwald, particulièrement sur ceux qui s’inscrivent dans le cadre du chapitre intitulé « Le kaddish ». Nous nous pencherons ainsi sur la manière dont Semprún traite artistiquement ces souvenirs, comment il les mêle avec des éléments fictionnels, et comment il réfléchit aux langues et au langage en tant que véhicules essentiels pour assimiler et verbaliser ces traumatismes, tout en transmettant la vérité mnémonique.

Mots-clés : Jorge Semprún, L’Écriture ou la vie, autofiction, trauma, littérature mémorielle.

Sectiune
Langue et littérature françaises
Pagina
10
DOI
10.35923/QR.12.02.01