La chambre dans le théâtre de Cocteau: enfer ou purgatoire ?
Abstract: (The Room in the Theater of Cocteau: Hell or Purgatory?) Cultural and literary personality, Jean Cocteau can pass for a “jack-of-all” multiple and fruitful talent. Modernity in all its forms, including its most superficial ones, the briefest ones, retains the writer. His theater (drama plays) is inseparable from his poetic activity, which is part of it, as his work, auto- entitled "novel poetry", "theatrical poetry", "cinema poetry", "graphic poetry", lies under the sign of poetry. In ancient or classical tragedies, the room represented the invisible and formidable place where the Power was hiding. In Cocteau’s plays it can be considered as an obsessive image, the symbol of a distant past that the characters are trying to revive, but without any success. It is the space of death, of the event, the space where we talk, where the characters act. In his monologue plays the room becomes the closed space from which the heroine cannot escape; despite the realistic aspect, it is prison and torture chamber. This is more than just a setting, but the projection of characters’ hell of consciousness, as well as the place where they expiate their guilt. We chose three plays (Les Parents Terribles, La Voix Humaine, Le Bel Indifférent) in order to argue these claims, to show that the room is hell for Cocteau’s female characters, and purgatory for its male characters, as the latter have the ability to escape, to get away from this space of suffering.
Keywords: room, setting, hell, purgatory.
Résumé: Personnalité culturelle et littéraire, Jean Cocteau peut passer pour un « touche-à-tout » aux talents multiples et féconds. La modernité sous toutes ses formes, y compris les modes les plus superficielles, les plus passagères, retient l’écrivain. Son théâtre est indissociable de son activité poétique, dont il constitue un aspect, car son œuvre, intitulée par lui-même « poésie de roman », « poésie de théâtre », « poésie de cinéma », « poésie de graphique », se situe sous le signe de la poésie. Dans les tragédies antiques ou classiques, la chambre représentait le lieu invisible et redoutable où le Pouvoir se cachait. Chez Cocteau elle peut être considérée une image obsessive, le symbole d’un passé éloigné que les personnages essaient de ranimer, mais sans succès. C’est l’espace de la mort, de l’événement, l’espace où l’on parle, où les personnages agissent. Dans ses pièces monologue la chambre devient l’espace clos duquel l’héroïne ne peut plus s’évader. Malgré l’aspect réaliste, c’est la prison, la chambre de torture. Il ne s’agit plus d’un décor tout simplement, mais de la projection de l’enfer de la conscience des personnages et aussi de l’endroit où ils expient leur faute. Nous avons choisi trois pièces (Les Parents Terribles, La Voix Humaine, Le Bel Indifférent) pour argumenter ces affirmations, pour montrer que la chambre est enfer pour les personnages féminins de Cocteau et purgatoire pour ses personnages masculins car ceux derniers ont la capacité de s’évader, de s’éloigner de cet espace de la souffrance.
Mots-clés : chambre, décor, enfer, purgatoire.